L’intelligence émotionnelle : votre nouvelle priorité

Portrait du contributeur – Julia MartinsJulia Martins
21 février 2024
9 min de lecture
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Résumé

L’intelligence émotionnelle représente notre capacité à comprendre la nature exacte de nos émotions et à discerner celles des autres. Il s’agit d’une compétence complémentaire essentielle pour collaborer et communiquer efficacement au travail, mais aussi dans nos relations interpersonnelles. Dans cet article, nous verrons pourquoi elle est importante pour les leaders et vous présenterons neuf astuces pour la développer.

Qu’est-ce que l’intelligence émotionnelle (IE) ?

L’intelligence émotionnelle est la capacité à reconnaître, réguler et comprendre nos émotions, autant les nôtres que celles des autres. Une grande intelligence émotionnelle vous aide à échanger avec les autres, à développer de l’empathie, à communiquer efficacement, à surmonter les conflits ainsi qu’à exprimer vos sentiments. Vous avez peut-être déjà entendu parler d’intelligence émotionnelle sous l’appellation IE ou quotient émotionnel.

L’intelligence émotionnelle est souvent considérée comme innée. Pourtant, à l’instar du quotient intellectuel (QI), le QE est un muscle que l’on peut renforcer avec le temps.

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L’histoire de l’intelligence émotionnelle

Les psychologues étudient l’intelligence émotionnelle depuis l’introduction du concept « d’intelligence sociale » par Edward Thorndike en 1920. Howard Gardner s’est ensuite appuyé sur cette théorie pour expliquer le fait que plusieurs types d’intelligence permettaient de développer nos capacités cognitives. Dans son livre Frames of Mind: The Theory of Multiple Intelligences (traduction non officielle : États d’esprit – la théorie des intelligences multiples), publié en 1983, H. Gardner a présenté les concepts d’intelligence interpersonnelle et intrapersonnelle.

Le terme « intelligence émotionnelle » n’a cependant gagné en popularité qu’après la publication de l’ouvrage L’intelligence émotionnelle, écrit par le journaliste scientifique Daniel Goleman. Ce dernier y définit l’intelligence émotionnelle et démontre l’importance du QE dans le leadership.

En 2004, Peter Salovey et John Mayer sont allés encore plus loin dans l’étude de l’intelligence émotionnelle en apportant au modèle des caractéristiques supplémentaires, afin de pouvoir développer et mesurer ce type d’intelligence. Leurs travaux ont abouti à la création du premier test d’intelligence émotionnelle : le test Mayer-Salovey-Caruso (MSCEIT).

De nos jours, un grand nombre de psychologues étudient l’intelligence émotionnelle dans le but de comprendre les différentes compétences émotionnelles et aptitudes interpersonnelles qui contribuent à cette forme d’intelligence, mais aussi les différences entre QE et QI. Bien que nombre d’entre eux soient en désaccord sur la définition exacte de l’intelligence émotionnelle, la plupart la considèrent comme une compétence qui peut s’améliorer avec la pratique.

Les avantages d’un QE élevé

Diverses études ont démontré que l’intelligence émotionnelle est au moins aussi importante que l’intelligence traditionnelle. Selon une étude de 2016, une intelligence émotionnelle élevée est plus bénéfique au travail d’équipe qu’un QI élevé. D’autres études ont mis en avant qu’une IE élevée mène à de meilleures performances de travail et de leadership.

En résumé, l’intelligence émotionnelle consiste essentiellement en la compréhension de vos propres émotions et de celles des autres. Une IE élevée vous aide à :

Les caractéristiques de l’intelligence émotionnelle

Il existe deux modèles principaux d’intelligence émotionnelle. Le premier fut développé par Daniel Goleman et inclut cinq caractéristiques clés du QE. Le second, créé par John Mayer et Peter Salovey, définit l’intelligence émotionnelle en quatre caractéristiques principales.

Les cinq caractéristiques de l’intelligence émotionnelle selon Daniel Goleman

D. Goleman a identifié cinq compétences clés au sein de l’IE ou intelligence émotionnelle :

  1. La connaissance de soi : la capacité à comprendre vos propres émotions, notamment vos forces, faiblesses, valeurs et objectifs, ainsi que votre influence sur les autres.

  2. L’auto-régulation : la capacité à maîtriser vos émotions. Au lieu d’agir impulsivement, les leaders aptes à se contrôler savent prendre le temps d’analyser leurs émotions avant de réagir.

  3. La motivation : les raisons qui vous poussent à réussir. Comprendre les origines de votre motivation vous permet d’adapter votre niveau d’empathie.

  4. L’empathie : la capacité à comprendre le ressenti des autres. L’empathie est souvent considérée comme la pierre angulaire de l’intelligence émotionnelle, car c’est l’un des piliers des autres états émotionnels.

  5. La compétence sociale : la capacité à communiquer et à collaborer avec les autres. D. Goleman définit la compétence sociale comme la capacité à guider les autres selon vos désirs.

Les quatre caractéristiques de l’intelligence émotionnelle selon John Mayer et Peter Salovey

Voici les quatre caractéristiques de l’intelligence émotionnelle identifiées par J. Mayer et P. Salovey au cours de leurs recherches :

  1. La perception des émotions : la capacité à identifier les émotions des autres. La connaissance de soi et la capacité à comprendre les origines de vos émotions en font également partie.

  2. L’utilisation des émotions : la capacité à contrôler les émotions perçues, que ce soit les vôtres ou celles des autres, afin de mieux gérer d’autres processus cognitifs tels que la résolution de problèmes ou la prise de décisions.

  3. La compréhension des émotions : la capacité à identifier les liens entre les différentes émotions et leur influence sur vos actions, mais aussi celles des autres.

  4. La gestion des émotions : la capacité à contrôler vos émotions, ainsi que celles des autres. Bien gérer ses propres émotions, c’est savoir atténuer ou au contraire accentuer celles-ci pour mieux réaliser ses tâches en cours. Cette caractéristique inclut également la gestion des émotions de votre entourage en vue d’atteindre vos objectifs.

L’intelligence émotionnelle au service du leadership

Plusieurs recherches ont démontré qu’une intelligence émotionnelle élevée est cruciale pour un leadership efficace. Selon une étude de 2005, intitulée Emotional intelligence and its relationship to workplace performance outcomes of leadership effectiveness (en français, L’intelligence émotionnelle et sa relation avec la performance au travail : conséquences sur l’efficacité du leadership), intelligence émotionnelle et leadership efficace sont étroitement liés.

Daniel Goleman a d’ailleurs lui-même identifié cette relation entre intelligence émotionnelle et leadership dans son article What Makes a Leader (Les caractéristiques d’un bon leader, en français), publié dans la Harvard Business Review en 1998. En voici un extrait :

« Les leaders les plus efficaces se ressemblent tous sur un point crucial : ils font montre de ce que l’on appelle aujourd’hui une haute intelligence émotionnelle. Leur QI et leurs compétences techniques ne sont pas pour autant étrangers à leur réussite à des postes à responsabilités, mais ceux-ci font simplement office de minimum requis. Mes recherches viennent confirmer les études précédentes, qui démontrent clairement que l’intelligence émotionnelle est une condition sine qua non à tout bon leadership. Sans elle, impossible de devenir un grand leader, quels que soient nos diplômes, notre vivacité d’esprit et nos capacités analytiques, ou encore notre propension à fourmiller de bonnes idées. » (traduction non officielle)

L’intelligence émotionnelle est importante pour tous les membres d’équipe, et plus encore pour ceux qui ont un rôle de leader. D. Goleman écrit d’ailleurs sur ce point :

« Dans le cas d’une personne considérée comme extrêmement performante, plus son rang est élevé, plus on trouve de corrélations entre ses capacités en matière d’intelligence émotionnelle et sa réussite. »

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9 façons de développer votre intelligence émotionnelle au travail

Quel que soit le modèle d’intelligence émotionnelle que vous choisissez d’adopter (les cinq caractéristiques de D. Goleman ou les quatre de J. Mayer et P. Salovey), plusieurs compétences clés sont à cibler. Vous les trouverez ci-dessous, de même que les outils professionnels vous permettant de les faire progresser :

1. Développez la connaissance de soi

Première étape pour développer son intelligence émotionnelle : apprendre à se connaître soi-même. Le QE repose essentiellement sur la compréhension et l’appréhension de nos émotions, ainsi que sur l’incidence qu’elles ont sur notre environnement. Mais pour comprendre cette dernière, vous devez commencer par comprendre ces émotions elles-mêmes.

Plusieurs techniques permettent de développer la connaissance de soi :

  • La tenue d’un journal

  • L’identification de vos valeurs et principes

  • La définition de votre motivation et vos objectifs

La meilleure façon de développer la connaissance de soi au travail est de faire le lien entre vos activités quotidiennes et les objectifs de l’entreprise à grande échelle. Ce niveau de compréhension vous permet d’identifier les raisons d’être des tâches qui vous sont attribuées. De cette manière, lorsque vous devez prendre une décision, vous connaissez déjà les enjeux de votre travail, ce qui vous permet de faire les choix les plus judicieux.

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2. Adoptez la pleine conscience

Voilà un aspect essentiel de la maîtrise de soi : une fois vos émotions identifiées, vous devez vous atteler à les contrôler en pleine conscience.

Pour faire un premier pas vers la pleine conscience, commencez déjà par tenir un journal. Une fois que vous en aurez l’habitude, appuyez-vous sur cette nouvelle connaissance de soi pour poser des mots sur vos réactions émotionnelles et les coucher sur papier. Un problème au travail ? Décrivez la première émotion que vous ressentez : est-ce de la colère ? De la frustration ? Ou peut-être doutez-vous de vous ? Avoir une idée claire de vos émotions vous aide à mieux vous autogérer.

3. Renforcez votre empathie

L’empathie représente notre capacité à comprendre les autres. Elle est la pierre angulaire de l’intelligence émotionnelle.

Voici plusieurs manières de développer votre empathie :

  • Comprendre les autres : notre empathie repose sur notre capacité à créer du lien avec les émotions des autres. Essayez donc de développer votre compréhension des autres. Si vous êtes en désaccord avec une de leurs décisions, faites preuve de curiosité et d’empathie afin de comprendre ce qui les a amenés à faire ce choix.

  • Ne pas juger : chacun d’entre nous doit composer avec cette petite voix qui nous pousse à porter des jugements bien trop vite. Il ne s’agit pas ici de la faire taire, mais plutôt d’apprendre à l’ignorer, afin de prendre le temps de réfléchir.

  • Se mettre à la place de l’autre : l’empathie reposant sur la connexion avec les autres, vous pouvez la développer en vous imaginant ce que vous feriez dans leur cas. Quand vous êtes en désaccord avec l’une de leurs décisions, au lieu de réagir trop vite, voyez plutôt la situation de leur point de vue.

4. Pratiquez l’écoute active

L’écoute active se définit par le fait d’écouter dans le but de comprendre. Au lieu de penser à ce que vous allez dire ensuite, concentrez-vous attentivement sur ce que l’on vous dit.

L’écoute active développe l’empathie et la confiance mutuelle, permettant de créer du lien avec les autres.

Autre élément clé de l’écoute active, la communication non verbale ou langage corporel consiste à analyser les gestes des autres au moment où ceux-ci s’expriment. Même si vous êtes intéressé par le sujet, le fait de croiser les bras ou de regarder ailleurs pourrait donner l’impression du contraire. Essayez de maintenir le contact visuel, ainsi qu’une expression faciale polie et intéressée, afin d’indiquer que vous êtes attentif.

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5. Faites preuve d’adaptabilité

L’adaptabilité, qui nous permet d’être flexibles dans différentes situations, est une capacité cruciale de l’intelligence émotionnelle. Une fois en mesure d’identifier vos émotions et celles des autres, faites preuve d’adaptabilité de façon à réagir de manière appropriée : il s’agit de ce que l’on appelle l’autorégulation.

Afin d’appliquer cette notion à votre environnement de travail, il est important de connaître vos priorités. Si vous avez fait le lien entre vos activités et vos objectifs au sens large, vous devriez comprendre en quoi vos tâches quotidiennes contribuent aux initiatives de votre équipe ou même de l’entreprise. Vous serez ainsi en mesure de corriger le tir et de vous atteler aux tâches essentielles face à tout changement de situation qui vous demandera de faire preuve d’adaptabilité.

6. Développez vos compétences sociales

Les compétences sociales reposent sur votre capacité à appliquer vos connaissances en matière d’intelligence émotionnelle à votre environnement de travail. Une fois que vous avez bien cerné vos émotions ainsi que celles des autres, aidez-vous de cette conscience sociale accrue pour communiquer et collaborer plus efficacement.

Avoir une bonne sensibilisation sociale au travail passe par le fait de :

  • Comprendre la dynamique de groupe : la dynamique de groupe décrit les interactions, les attitudes et les comportements au sein d’un groupe de personnes qui travaillent ensemble. Une intelligence émotionnelle élevée vous permet d’identifier et de contrôler de façon précise cette dynamique de groupe.

  • Utiliser des styles de communication adaptés : une communication affirmée vous permet d’exprimer vos besoins et de défendre vos idées. Les personnes dotées d’une intelligence émotionnelle élevée peuvent tenir des propos convaincants sans donner l’impression de faire preuve d’agressivité, même passive.

  • Adopter le style de management adéquat (pour les managers) : le management participatif privilégie la collaboration et la communication. Afin de développer un style de management participatif, pratiquez la prise de décision partagée en vous appuyant sur la collaboration.

Les outils de collaboration sont là pour vous aider. Avec un outil efficace, vous pouvez gérer les tâches et travailler ensemble de façon plus productive. Les applications dédiées peuvent également aider votre équipe à communiquer, partager des fichiers et coordonner le travail plus facilement.

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7. Encouragez le feedback

Au premier abord, nous sommes nombreux à accueillir la critique de façon négative, même quand elle est constructive. Cependant, avoir une intelligence émotionnelle élevée implique aussi de savoir accepter le feedback, voire l’encourager.

Afin d’y parvenir, reconnaissez la valeur du feedback proposé. N’oubliez pas que la personne qui vous fait ces retours se donne du mal pour vous aider et considérez ce feedback à sa juste valeur, c’est-à-dire comme un cadeau.

Pour aller encore plus loin, commencez à incorporer le feedback dans votre vie professionnelle par le biais des entretiens individuels. Sollicitez-le de manière régulière et voyez ce que vous pouvez en tirer. Pensez à conserver une liste des feedbacks qu’on vous a partagés dans votre liste de tâches, afin de pouvoir y accéder plus facilement et de continuer ainsi à en tirer les bénéfices.

8. Apprenez à résoudre les conflits

L’intelligence émotionnelle consiste essentiellement à reconnaître et à contrôler ses émotions, des capacités particulièrement utiles lors de la résolution des conflits, un processus qui permet d’encourager transparence, honnêteté et inclusivité dans le cadre professionnel. Un leader à l’intelligence émotionnelle élevée laissera à chacun la possibilité de s’exprimer et soutiendra ses collègues au cours du processus de résolution de conflits.

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9. En cas de doute, prenez le temps de réfléchir

Le développement de votre intelligence émotionnelle repose grandement sur votre capacité à comprendre les émotions des uns et des autres à l’instant T. Néanmoins, le simple fait de revenir sur vos expériences passées vous sera aussi utile à long terme. En identifiant vos mauvaises habitudes ou en analysant les situations émotionnelles précédentes à l’aide de vos nouvelles compétences émotionnelles, vous serez mieux préparé à affronter les situations à venir.

Travaillez votre intelligente émotionnelle

L’intelligence émotionnelle est certes une composante essentielle de nos relations interpersonnelles au travail, mais nous devons aussi savoir collaborer efficacement avec les membres de notre équipe. Découvrez comment mieux échanger et collaborer en équipe en faisant appel à un logiciel de collaboration d’équipe.

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